Mes très chers lecteurs, j’ai voulu cet article quelque peu documenté et saupoudré de brins d’humour. Vous pourriez observe que cet article est décousu. Il l’est en effet. Je n’ai pas trouvé le fil adéquat pour recoudre la trame.
Toute ressemblance avec un personnage connu est purement réelle et n’est pas une coïncidence engendré par une imagination fertile.
1967 :
Début mai, après m’être rendu compte de l’inefficacité de mes études, je décide de résilier mon sursis d’étudiant. En septembre j’aurais 22 ans et je suis majeur depuis plus d’un an. Mi juin, le Ministère de la défense a la bonté de me signifier que je suis « appelé sous les drapeaux », et afin de me rendre à mon Régiment, m’octroie un bon de transport gratuit. Je suis donc un « appelé du contingent», « incorporé » au 153° Régiment d’Infanterie (153° RI) à Mutzig, dans la tranche d’incorporation 2A. Comme je ne suis pas un connaisseur de bières, je m’imagine être affecté dans un Régiment en Allemagne, Mutzig ayant une étrange ressemblance avec le Dantzig de 1936. Et bien non, après quelques jours de recherche sur les différentes cartes teutonnes, l’idée me vient de compulser le fameux dictionnaire « Larousse », édition illustrée de 1965, où je découvre que Mutzig est une charmante petite ville d’Alsace sertie dans son écrin de houblons. Je pars, le 1er juillet, de Toulouse Matabiau à 23H 18, pour rejoindre Strasbourg le 2, en début d’après-midi, via Nîmes et Lyon. Arrêt de 20 minutes à Nîmes, au petit matin. Le remplacement de la locomotive électrique par une autre à vapeur, me laisse perplexe, le front chargé d’une série de points d’interrogation. Bien que le train soit « rapide », il a du mal à tracter la rame et crache furieusement des jets haletants de vapeur. Ce train a l’allure d’un « omnibus » plutôt que d’un « Express ». La chaleur de l’été et le chahut constant des soubresauts du wagon, aux passages des jointures des rails, m’empêchent de sommeiller assis sur ma banquette de seconde classe. Ma voiture n’est pas loin de la locomotive, et par la fenêtre baissée, de la fumée âcre et quelques particules de charbon emplissent mes poumons et agressent mes yeux. La traversée de la vallée du Rhône est interminable. « Lyon Perrache, 12 minutes d’arrêt » clame plusieurs fois la perruche de service. Quelque temps après nous faisons halte à Lons-le Saunier, puis à Besançon et ensuite à Belfort où je suis dépité de ne pouvoir admirer sa légendaire trouée. La plaine d’Alsace est là, et vers 14H me voilà arrivé en gare Kleber à Strasbourg. Je suis totalement dépaysé. A la descente sur le quai, je me renseigne au premier contrôleur afin de connaître les horaires de correspondance pour Mutzig. J’ai quelque difficulté à comprendre son « français » tant il est, il me semble, teinté d’accent germanique. Je prends finalement ma « Micheline » pour ma destination finale. A mon arrivée, vers 16H, je découvre un gros bourg. C’est l’été. Il fait chaud. Le ciel est limpide et a cette couleur pâle et un peu lactescente des après-midis moites. Mutzig étant l’un des sites réputés pour leur bière, je n’hésite pas à découvrir la saveur de ma première « amer-bière » à l’un des bars-restaurants de l’agglomération, dans lequel je compte passer la nuit avant de me faire « incorporer » le lendemain matin. Dans cette garnison, j’y effectuerai deux mois de « classes » au sein de la 11° Compagnie.
Mes premières impressions de « Bleu Bitte » sont liées :
· A l’horrible vision des crânes tondus sans discernement par des « anciens » qui prennent un malin plaisir à nous « bahuter »,
· A l’acquisition d’un « paquetage », et au port de vêtements usés par quelques générations d’HDR. Bien qu’ils soient à ma pointure, les brodequins usés par d’autres pieds, me font passablement souffrir.
· A la vision, puis au port de guêtres qui me semblent sorties des magasins de l’Intendance du second empire.
Mes journées sont rythmées par l’instruction de base FETA, et mes nuits sont perturbées par les délires d’un « petit camarade » somnambule. La « bouffe » préparée, à tour de rôle, par l’une des trois sections à l’instruction, est immonde. Je suis à la fête avec la FETA où les exercices « FOMEC » sont censés m’en faire devenir un,… de mec.
Au cours du deuxième mois de formation, un Sergent me convoque, ainsi qu’un clerc de notaire et un instituteur et me fait part de la décision du Capitaine, de nous faire participer aux tests psychotechniques de sélection des candidats volontaires au Peloton préparatoire aux Officiers appelés. En effet mon « N.G », Niveau de culture Générale, attribué par la fonction militaire lors des tests d’incorporation, est de 18/20, alors que la moyenne des appelés dans la compagnie d’instruction est de 8/20. J’avais donc l’aura du parfait instruit, ce qui expliquait l’attitude révérencieuse du galonné. Je suppute que le port d’un galon d’officier, même appelé, confère quelques avantages, en particulier ceux d’accéder à de bons repas et de pouvoir dormir dans un bon lit aux draps sans couture médiane. Je suis donc volontaire pour le peloton préparatoire à la formation des élèves Officiers.
Début septembre, à Commercy, je passe les tests d’aptitude à la formation des élèves Officiers. Pour cela, j’intègre le peloton d’élèves gradés du 164° Régiment d’Infanterie , à la caserne Niel de Verdun, en vue de la préparation au stage d’Officier de Réserve de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Après deux mois de formation, j’obtiens le grade de caporal, et je fume comme un pompier du même grade. N’oubliez pas que les cigarettes « Caporal » émanaient de notre gauloise de SEITA. Fumant des « Troupes », je conserve donc mon statut d’Homme Du Rang, (HDR).
Début octobre, j’intègre le peloton d’Officier de Réserve de Coëtquidan ( Ecole Militaire de Saint-Cyr) promotion « De Turenne ». Fermez le Ban !
Tara tat, tara tata, tonton rata Tata…
L’un dans l’autre, comme disait ma Tante à mon Oncle, il vaut mieux être gradé que dégradé !
1968 :
Début février, après quatre mois de stage intense au Peloton EOR de Coëtquidan, je suis promu au grade d’aspirant pour servir en tant que chef de Section Commando. Ma formation de Chef de section m’a conféré, à défaut de médaille, toutes les armes pour être le meneur d’hommes au combat, objet de ma pérégrination à travers les landes brumeuses bretonnes…Brrr ! Je suis affecté au 8° Régiment d’infanterie Motorisée de Landau en Allemagne. Au sein de la 11° Compagnie, j’ai en charge l’instruction FETA, des appelés. Mon enthousiasme et mon sens pédagogique sont, paraît-il, remarqués et induisent une affectation à une prestigieuse compagnie d’instruction, la 12°. Là, j’instruis les futurs Caporaux-chefs et Sergents appelés, une quinzaine par classe d’âge. L’apprentissage du commandement, l’acquisition du sens du terrain par l’usage d’une cartographie maîtrisée, les raids, les nombreuses marches tactiques, et les exercices de combat que je leur prodigue généreusement, sont les matières qui les rendent aptes au commandement du groupe de combat. Cette période de ma juvénile activité militaire a particulièrement renforcé mes qualités de Tireur d’élite et de sportif. Le Colonel Déchards, chef de Corps me désigne, tout naturellement comme responsable des Équipes Régimentaires, de tir et de cross country. Je n’ai pas tiré au flanc, et mes « run », à travers le Palatinat, à la tête des « Bêtes de course », ont fait honneur au 8°RIM.
Entre temps, le mois de mai passe par là, et la grève estudiantine initiée à la Sorbonne, dégénère en une « chienlit » digne de notre République incertaine. Daniel Cohn-Bendit et ses potes, Alain Geismar et Jacques Sauvageot, sont les moteurs du mouvement. « Il est interdit d’interdire ». La France est paralysée, tout comme l’Elysée. L’insurrection gagne. Le pays est au bord du gouffre, et un pas de plus nous précipiterait dans l’abîme. Le 8°RIM est en état d’alerte, et prêt à intervenir à Paris pour rétablir l’ordre. Le Grand Charles prend son hélico, Alouette 3, et va rendre visite à son copain Massu Commandant des Forces Françaises en Allemagne afin de s’assurer que son miroir n’est pas un leurre. La paranoïa, habilement orchestrée, gagne la France qui s’attend au sabotage et à la destruction de nombreux points sensibles nationaux, régionaux ou locaux. Toutes les forces de sécurité, Armée, Gendarmerie, protègent et surveillent, soit un centre de télécommunication, soit un centre de décision, soit un sujet de dérision. Même le 126° RI de Brive la Gaillarde, spécialisé en actions de DOT se voit attribuer la défense du énième Centre Mobilisateur. Les aéroclubs sont barricadés. Celui de Saint Girons, « Antichan », qui ne possède qu’une piste en herbe de 625,33 mètres est étroitement surveillé. Des obstacles antichars sont judicieusement disposés pour indisposer un quelconque pilote de Nord Atlas 2501. La cohérence est maintenue, les obstacles antichars ne peuvent fleurir qu’à Antichan.
Dans le pays, la pénurie d’essence paralyse les mouvements, tout comme la grève générale celle de l’économie.
Qui, dans ce gigantesque bras de force, pense avoir gagné ? La solution sera donnée dans le prochain article intitulé « Tiens voilà du badin !»
Début novembre je suis promu au grade de Sous-lieutenant de réserve sous contrat ORSA (Officier de Réserve en Situation d’Activité), et je suis un stage de commando spécial, spécialisé dans la spécialisation des spécialistes. La spécificité de cette spécialité est spécialement spécifiée dans les spécifications !
1969- 1971 :
Je n’envisage pas d’entretenir mon statut d’ORSA éternellement, lequel est reconduit par contrats de deux mois en deux mois, puis de six en six.
Aussi, poussé par un Lieutenant ancien, le Lieutenant Play, qui se plaid sans cesse à me rabâcher que je « dois rentrer dans l’Armée par la grande porte », je décide de préparer le concours des Officiers d’Active afin de pousser celle de la prestigieuse École Militaire Interarmes (EMIA) de Coëtquidan. La préparation au concours, de niveau Terminale, doit dans mon cas, se faire à l’École Militaire de Strasbourg. La scolarité, obligatoirement interne est calquée sur celle des Lycées.
Pour intégrer l’École de Strasbourg, je dois contracter un engagement comme Sous-officier auprès de l’Intendance de Landau. En signant le contrat, je démissionne par obligation, de mon grade de Sous-lieutenant. Je me retrouve Sergent, avec la solde et l’ancienneté afférente. Quelques semaines après, je me retrouve interne, avec le statut d’un Sous-soldat corvéable à merci. Le moral est bon. La « bouffe » moins.
Un an plus tard, épreuves du concours passées, je me retrouve également interne à la 3° Brigade, 3° Section de l’EMIA, toujours considéré comme un Sous-Soldat, mais de 1° classe.
L’année scolaire écoulée, « l’amphi » de classement intervient, et comme j’ai le bonheur de me trouver dans le premier tiers du classement général. Lorsque mon tour arrive de me présenter au Général Commandant les Écoles, je choisis l’Arme des transmissions avec option ALAT, option qui aura par la suite une importance capitale.
Donc après avoir passé de nombreuses heures à somnoler lors des cours insipides donnés au fameux amphi « Napoléon », me voilà Sous-lieutenant d’active, avec mes belles barrettes toutes neuves sur mes épaules ! Il est vrai que les barrettes d’active reluisent plus que celles de réserve, j’en fais l’expérience. Je pars rejoindre l’École d’Application des Transmissions à Montargis.
Encore un an d’école, mais externe. Quel bonheur d’être presque considéré comme un cadre. L’enseignement militaire est assez minable. Les cours techniques prodiguant un enseignement des transmissions saupoudre nos cervelles de guerriers de vagues connaissances nous permettant de maîtriser l’emploi de matériels passablement obsolètes toujours employés dans nos forces. Cela est particulièrement vrai pour le cours « radio » où nous apprenons la mise en station de l’ANGRC9, ou pendant le cours « Fil », la mise en œuvre de lignes téléphoniques spécialisées.
Montargis est une très belle petite ville du Loiret. Mais, je ne suis pas particulièrement appliqué à suivre mon année « d’application ». Nous sommes une quinzaine d’Officiers à être affectés dans les différents organismes de transmissions, les plus brillants dans les Compagnies divisionnaires, d’autres dans les Régiments de Corps d’Armée. Moi, je dois rejoindre le 40° Régiment de Transmissions, Régiment de la 1°Armée, rien que çà, stationné à Neustadt dans le Palatinat. Je vais faire partie des fameux FFA.
1972- 1973 :
Dimanche 30 juillet, avec mes deux grandes cantines je débarque en gare de Neustadt an der Weinstraße Allemagne. A mon arrivée au Mess des officiers, un très sympathique Sergent-chef s’étonne de me venue :
« Mais, mon Lieutenant que faites-vous ici ? Le Régiment déménage à Sarrebourg ! »
En fait, le 40° RT restera encore une paire d’année dans le Palatinat.
Le lendemain, je me présente à mon Chef de Corps, le Colonel Junca. Je suis affecté à la compagnie d’exploitation. Le Régiment en comporte 2, la mienne, la CE, et la Compagnie de Faisceaux Hertziens, FH. Quelle n’est pas ma surprise, lorsque mon nouveau capitaine, Schneider, m’affecte à la Section Fil et Énergie, en remplacement du Lieutenant Leroy muté au 41°RT pour d’obscures raisons !
J’hérite de deux gros semi-remorques, d’une quarantaine de GBC8KT, de six groupes électrogènes de 20 et 40 KVa, de deux dérouleuses de câbles sur camionnette, d’une centaine de kilomètres de câbles allant de la paire à la multi-paire, d’une ribambelle de postes téléphoniques EE8 ou a cadran,…etc., etc.
Je dois gérer :
· Les conflits permanents de mes cinq Sergent-chef, tous de la même ancienneté, qui souhaitent, tous, être Vizir à la place du Calife,
· Ma quarantaine de soldats, dont les plus turbulents sont ceux de l’équipe « montage ligne » qui carburent au litre de rouge par kilomètre.
Le 40°RT, fournit et met en œuvre de moyens de transmissions nécessaires au commandement de la 1° Armée, et comme la France en possède une seule, il n’y a donc qu’un seul régiment de ce niveau. On y trouve des matériels assez hétéroclites, comme deux semi-remorques équipés en centraux téléphoniques, et des groupes électrogènes de 20 et 40Kva. Ces équipements font partie des réquisitions auprès de la Wehrmacht, l’Armée allemande. Un quart des personnels employés dans le Régiment est Civil sous contrat, ce qui pose d’énormes difficultés pour son déploiement hors garnison !
Bien évidemment, comme tout Sous-lieutenant arrivant dans son premier corps, je suis volontaire désigné pour subir l’instruction spécialisée dans les domaines variés, et permettant au Régiment de rendre- compte à l’échelon supérieur de sa capacité à :
· La lutte anti-aérienne. J’effectue le stage à Bitbourg,
· Transporter les Trains de Combat par voie ferrée, ce qui est tout a fait cohérent pour ces rames. Stage d’Officier d’embarquement suivi à Baden-Baden !
Les mois passent, et finalement le régiment déménage, en deux étapes, à Sarrebourg, Grand bourg en limite Est de la Lorraine. Ma Section est bien entendu la dernière à rejoindre la nouvelle garnison.
Entre temps, je suis nommé Lieutenant, car très souvent je tiens lieu de Capitaine.
1974 :
Mon Colonel reçoit un appel téléphonique de Villacoublay, base mythique de l’Armée de l’Air qui abrite également le « COMALAT », le commandement de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre. Le COMALAT s’enquiert de la validité de mon volontariat exprimé lors de l’amphi de sortie de l’EMIA. Souvenez-vous, je vous l’ai narré au paragraphe 22, article épuisé. Suivez donc, je sais que celui-ci est quelque peu soporifique. Ne protestez pas, j’ai vu l’avachissement de vos lourdes paupières plombées par la douce Morphée qui vous enveloppe de ses beaux bras !
Je confirme donc ma pleine adhésion à la formation d’Officier Observateur Pilote Hélicoptère.
Mes bons camarades me taquinent en prédisant que je serai muté au GALCA1 de Phalsbourg à 20 kilomètres.
Le COM TRANS du Corps d’Armée me laisse entendre que mon départ de l’Arme des Transmissions entraînera des conséquences fâcheuses pour le bon déroulement de ma carrière.
Ils ont eu raison ! L’avenir me l’a démontré.
1975:
Me voilà en stage, pour une période de plus de 9 mois, à l’École de Spécialisation de L’ALAT, ESALAT. Il s’agit du 2 OPH75. Il me faut cueillir tous les brevets de pilotage, en campagne, en montagne, en vol de nuit,…pour obtenir enfin le droit d’arborer fièrement sur la poitrine du côté droit de la « vareuse » l’insigne du Brevet d’Observateur Pilote d’Hélicoptère, N° 1039.
J’ai 30 ans.
Je suis muté au GALCA1 de Phalsbourg !
1976- 1981:
Mes qualifications d’Observateur Pilote d’Hélicoptère, de chef de Patrouille Hélico, et mon appartenance à l’Arme des transmissions, influent grandement sur la décision d’affectation de mon nouveau Colonel, le Colonel LARTIGUE. Il confirme celle du COMALAT, et me prie de prendre les consignes auprès de l’actuel Off-Trans en instance de mutation dans une garnison ensoleillée du Sud-est, Le Luc en Provence.
Ma première moitié du séjour à Phalsbourg est marquée par une intense activité dans le domaine de gestion et de la mise en œuvre des transmissions de l’ALAT du Corps d’Armée, GALCA1 et GHL de Nancy. Responsable de la rédaction des Ordres Complémentaires des Transmissions, découlant des Ordres de Base pour les Transmissions, je dois harmoniser et faire fonctionner les réseaux téléphoniques et radioélectriques, air, air-sol, sol, utilisant des fréquences HF, VHF, UHF en MA ou FM, alors que de nombreux moyens d’ancienne génération sont encore à lampe et à cristallisation par quartz. Ainsi, lors des manœuvres d’envergure de type « Meuse » ou « Marne », ma responsabilité couvre le bon fonctionnement de très nombreux matériels et équipements comme :
· 300 Emetteurs-Récepteurs embarqués sur les hélicoptères, fonctionnant sur une trentaine de réseaux,
· Deux PUMAS SA 330 PC, équipés de leurs moyens de Commandement et de Transmissions,
· D’une Gazelle SA341 PC, équipée de 2 TRVP 213,
· Deux radars tactiques, SPARTIATE, de surveillance et de recueil des aéronefs,
· Les moyens des trois Sections radio équipant chacune les trois PC Régimentaires,
· Des balises NRTN6,
· …
Mon affectation comme OFF-Trans induit une charge de travail très importante, mais aussi une extraordinaire expérience professionnelle. Je peux dire que je « m’éclate » !
Entre-temps COMALAT décide de parfaire mes compétences dans le domaine des communications de l’aéronautique. Je rejoins l’ESAM de Bourges, où après quelques mois, j’obtiens le Brevet très rare et uniquement réservé aux Officiers de l’Arme du Matériel, d’Officier Mécanicien des équipements radioélectriques de l’aéronautique. J’ai exactement les mêmes compétences que mes camarades du « Matériel », comme le Lieutenant Oury, qui par la suite sera dans l’équipe d’inspection des matériels de l’ALAT.
Pendant ce temps, l’Etat-major de l’Armée de Terre mène une réflexion concernant le soutien des matériels dans les forces, et imagine de regrouper, pour les équipements de transmission, le deuxième Échelon avec le troisième, sous la même autorité.
Je suis donc naturellement désigné pour prendre la responsabilité de la grande structure de soutien pour les moyens radioélectriques regroupant les deuxièmes et troisième Échelon sous mon autorité. Je suis Lieutenant, le plus ancien en grade.
Je m’éclate encore plus !
En 1977 j’ai le bonheur de recevoir, bien que tardive, ma troisième barrette. Mon Arme d’appartenance, les Transmissions, me fait déjà sentir son désamour du à mon infidélité!
Les chefs de Corps qui se succèdent à la barre du GALCA1, puis du 1°RHC, les Colonels Baffeleuf, puis Martini, n’hésitent pas à me charger de nombreuses responsabilités temporaires comme :
· Le Commandement, durant deux mois, de l’ESR, le Capitaine Dischino s’étant fracture la jambe,
· Le remplacement du Chef des Services Techniques, durant trois mois, le titulaire s’absentant pour d’obscures raisons,
· Le fréquent remplacement du Capitaine Trésorier, lors de ses permissions de longue durée,
· …
Ma deuxième moitié de séjours à Phalsbourg est marquée part mon « Temps de Commandement » à l’ECS, Escadrille de Commandement et des Services. Cette escadrille, très difficile à commander, à la « diversité structurelle très lourde », où de nombreux capitaines se sont usés, m’octroie généreusement de gigantesques embêtements, mais aussi des d’énormes satisfactions ! Je dois gérer, entre autres :
· Les conflits permanents générés par l’emploi de mes 160 soldats dans les Services, SA, ST, SSIS, Opérations, Contrôle,…
· Une section d’instruction commandée par des Aspirants de passage,
· Le « KGB » étendu, composé d’une grande poignée de Sous-officiers Supérieurs usés par leur carrière et leurs excès,
· Des matériels roulants fatigués,
· Un magasin d’équipements et d’habillement gangréné par une « évaporation » de tradition…
Après plus de deux ans, je passe le Fanion de l’escadrille à mon successeur. Selon mon souhait, et peut être aussi en guise de récompense, COMALAT m’affecte au tout ressent 5°RHC de Pau.
1981- 1985 :
Me voilà à 36 ans, capitaine ancien, muté au 5°RHC de Pau, prestigieuse unité auréolée, ollé, de l’aura de la 11° DP. J’œuvre au sein du BOI comme :
· Officier Mobilisation. Mon action, généralement incomprise, est cependant capitale puisqu’elle a pour objet de mettre en œuvre les moyens afin que le Régiment soit apte au combat à tout instant, et précisément après une alerte de type « Mistral ». En effet tous les personnels doivent être équipés individuellement et collectivement selon le fameux « Tableau de Dotation » du temps de paix ou du temps de guerre. Ils doivent être parfaitement instruits. Ils doivent être en parfaite condition sanitaire et morale. En fait, l’action de l’Officier Mobilisation est générique. C’est à partir de l’orientation déterminée par cet Officier que devrait s’articuler toutes celles concourant à la préparation au combat du niveau considéré, escadrille ou régiment. Mais bien entendu, la fonction de « Mobilisation », peu noble, est toujours reléguée à quelques préparatifs fugaces permettant d’éviter la mauvaise note de l’Inspecteur Général. Je reconnais, au cours de mes quatre années passées sous l’Étendard du 5°, avoir énormément appris dans ce domaine, et être forcément un ardent défenseur de la fonction « Mobilisation ». Les Capitaines commandants d’escadrille doivent se souvenir de mes « coups de gueule » !
· Officier des Plans et de l’Outre-mer, responsable des « Cellules Guépard »
· Officier de Liaison auprès des différents PC des grandes Unités.
· Officier Conseil, chef du BPSR,
· Officier chargé du Budget,
· Officier chargé des relations avec la FAMET et généralement avec l’Ejercito espagnol,…
Je m’éclate !
Étant responsable de la préparation des Cellules Guépard, je ne peux faire moins que de me porter en tête de liste pour le départ au Tchad. Je me désigne donc pour être chef du détachement ALAT à Ati. Mon chef de corps du moment, le Colonel Batllo, ainsi que COMALAT approuvent mon volontariat.
Je débarque donc en ce mois de juillet 1984, sur le tarmac de l’aéroport international de N’Djamena, avec un double sentiment, celui nostalgique d’avoir laissé les miens pour plusieurs mois, et celui excité à l’idée de mener des raids aéromobiles dans les profondeurs désertiques au nord d’Ati.
Mais que nenni !
Le Colonel COMALAT qui accueille le tas de mecs sur le tarmac me signifie qu’il a décidé de m’affecter comme « Officier opérations » du détachement de l’ALAT à N’Djamena. Il décide de positionner mon copain Rondo comme Chef de Détachement ALAT à Ati, afin de le récompenser, dit’ il, de son obscur et besogneux labeur comme « Chef de Base » alors qu’il était lui-même Chef de Corps.
Je suis donc l’Officier opérations du Détachement ALAT de l’opération « MANTA ».
Je n’ai pas pu tirer la couverture à moi !
Je suis dépité !
Mais les jours passent, et mes liaisons sur Ati, Moussoro et Abéche, me font changer de sentiment, et finalement je m’épanouis parfaitement à N’Djaména.
1985- 1993 :
Avec mon grade de « Chef de Bataillon » je suis muté à Paris. Mon pédigrée « technico-opérationnel » a dégagé un profil d’emploi apte à servir à la DGA comme « Officier de Liaison Terre » auprès du Service Technique des Télécommunications de l’Aéronautique, STTE.
Cette année 1985, passé dans un Service inconsidéré des Constructions Aéronautiques, me pèse d’autant plus que je suis en doublure avec l’ancien Officier de Liaison qui joue les prolongations, avant son départ à la retraite, dans un poste ouvert que pour une seule « solde à l’air ».
COMALAT Tousse. Moi j’ai la fièvre !
Afin de la calmer, en 1986 Villacoublay me propose deux postes plus intéressants, l’un comme Aide de Camp du Général commandant Le Service Technique de l’Armée de Terre, l’autre comme Officier de Liaison de L’ALAT à la DGA, Direction des Armements Terrestres à Saint Cloud. Le métier de porte-bidon du Général STAT, bien que réputé être à tremplin d’avancement, ne correspondant pas à mes aspirations. Je fais naturellement le choix du poste de Saint Cloud qui a pour objet :
· Primordialement, de collaborer avec ses différents services, mais aussi avec les industriels, pour déterminer les solutions techniques pertinentes afin de satisfaire les besoins en effets opérationnels actuels et futurs de l’ALAT,
· Essentiellement, selon le même processus, de collaborer à la recherche et au développement de maquettes fonctionnelles permettant de valider des équipements et systèmes de lutte contre la menace aéromobile.
· Secondairement, désigné par la DGA/DAT, comme adjoint à l’ICETA chargé du développement du SIR ALAT, de suivre avec les industriels la définition des cahiers des charges et la réalisation de la première maquette fonctionnelle.
Sept années très denses et d’une très grande richesse passent top rapidement !
Ma collaboration a modestement contribué au développement d’équipements, de Systèmes et de Méta-systèmes dans les domaines :
· Des Télécommunications,
· De l’Optronique,
· De l’Acoustique,
· Des systèmes d’information et de Commandement.
Mais comme toujours, il y a un revers à la médaille. Je suis, plus que jamais, abandonné par mon Arme d’Origine, les Transmissions.
Merci Saint Gabriel !
1993- 1999:
Au début de l’année, je change mon Képi contre un chapeau mou.
J’entame une activité d’Ingénieur Conseil au sein d’une petite société d’ingénierie où je fonctionne comme expert en sous-traitance de la DGA, DCAé, DAT et DCN.
2000 :
Mes activités professionnelles cessent totalement.
Je quitte la région parisienne, et coiffé du béret catalan ceignant mon crane dégarni barcelonais, je rejoins le Béarn dans le but de manger mes temps libres à la sauce du même nom !